La DDETS d’Isère et Grenoble Alpes Métropole coordonne une évaluation, dix-mois après le lancement du « Logement d’Abord pour les jeunes sans ressources », afin de questionner la manière de pérenniser et étendre l’expérimentation à davantage de jeunes sur le département.
Les acteurs sont unanimes, le manque de solution logement reste criant pour les jeunes de moins de 25 ans sans ressources. Un constat partagé qui a permis, grâce à l’impulsion de la politique du Logement d’Abord, d’imaginer un dispositif innovant sur la Métropole grenobloise.
Un pécule mensuel pour les jeunes
Confiée au Conseil Habitat jeunes (Mutualité Française Isère), cette expérimentation qui concerne 30 jeunes, a démarré à l’automne 2020. Le dispositif repose sur trois piliers : l’accès à un logement dans le parc social, un accompagnement social renforcé, l’attribution d’un pécule mensuel de 500 euros par mois. En l’absence de RSA, ce pécule permet aux jeunes de payer leur loyer et besoins de première nécessité. À noter, la CAF apporte en complément une aide à l’ameublement de 800 euros à l’entrée dans le logement.
Privés de revenus suffisants et ayant un fort besoin d’accompagnement, les jeunes concernés n’avaient aucune chance d’accéder directement au logement. Une première étude réalisée en début d’année montre que la cohorte est surtout composée de jeunes hommes (22 sur 30) et de jeunes âgés de 19 et 20 ans. Ils relevaient tous d’une situation de mal logement avant leur entrée dans le dispositif, hébergés chez des tiers ou sans abri pour la plupart, les autres provenant de l’hébergement d’urgence.
Les bailleurs sociaux impliqués
Sécurisés par la mise en place de baux glissants, les bailleurs sociaux se sont mobilisés. Ils ont proposé des logements dans un délai moyen de 4 à 6 mois, contre plus d’un an pour une demande de logement social classique. La moitié des logements est située sur la commune de Grenoble où la tension sur les petites surfaces est très forte. Autre point notable compte tenu du marché locatif, le loyer moyen proposé aux jeunes s’élève à 219 euros (APL non inclus).
Pour autant, tous les jeunes ne sont pas entrés dans un logement, cinq d’entre eux ayant des difficultés spécifiques retardant l’accès au logement direct. Mais le dispositif a su s’y adapter en proposant des « logements tampon » dans des foyers de jeunes travailleurs. Ou encore en adaptant l’accompagnement à chaque jeune pour éviter les ruptures. Cette approche au « cas par cas » fait aussi tout l’intérêt de cette expérimentation, des attendus trop contraignants étant souvent voués à l’échec pour ce public-là.
Une évaluation en cours
Au-delà de l’accès au logement, l’objectif est bien l’inclusion sociale globale des jeunes. Apprendre à gérer son budget, passer son permis de conduire, trouver un emploi ou s’engager dans une formation, prendre soin de sa santé… ce sont autant de projets personnels pour sortir de la précarité durablement. L’expérimentation qui doit s’achever début 2023 atteindra-t-elle cet objectif ? Comment pérenniser et donner accès au dispositif à davantage de jeunes ? Telles sont les questions sur lesquelles travaille le Cabinet Pluricité, mandaté par l’État et Grenoble Alpes Métropole pour évaluer le dispositif. Ici encore pas question d’avancer « hors sol », l’évaluation sera menée en étroite collaboration avec l’ensemble des partenaires, mais aussi en associant les jeunes concernés. Autant d’échanges et d’ateliers collaboratifs pour ajuster le dispositif aux besoins et mobiliser de nouveaux partenariats. À cet égard, une articulation avec le nouveau Contrat d’engagement jeunes (CEJ) en place depuis mars 2022, sera recherchée. Et si le « Logement d’Abord pour les jeunes », expérimenté à Grenoble, devenait un dispositif droit commun ?
Un partenariat engagé
La clé de réussite pour la mise en place du Logement d’Abord pour les jeunes sans ressources est la mise en place d’un large partenariat. Il associe l’État (Direction départementale du travail, de l’emploi et des solidarités de l’Isère), Grenoble Alpes Métropole, la CAF, le Conseil Habitat Jeunes (Mutualité Française Isère), les bailleurs sociaux, les prescripteurs de mesures d’accompagnement comme l’APASE (Association pour la promotion de l’action socio-éducative), les CCAS ou les services locaux sociaux du Conseil départemental. Le financement de l’expérimentation est assuré par l’État et Grenoble Alpes Métropole au moyen des crédits de la DIHAL (délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement) dans le cadre du Plan Logement d’Abord (2018-2022).